Je suis une mère monoparentale d’une famille de quatre enfants. Mon désir en tant que mère, c’est d’avoir une famille en santé et que mes enfants réussissent. Après un divorce, je me suis retrouvée seule avec eux. J’essaie de faire de mon mieux.
J’ai vu un de mes fils se dégrader, décrocher de l’école et être expulsé à plusieurs reprises. La police s’est présentée à quelques reprises pour vols et coups portés à autrui.
Jusqu’au jour où ça se dégrade à la maison. Il me compte des choses invraisemblables. Je ne sais plus quoi croire. Je côtoie l’agressivité, la violence verbale, la peur, la crainte pour les plus jeunes. Est-ce que j’ai failli à ma tâche de mère?
Un soir, la veille de ses 19 ans, il disparaît en me laissant une note « Je t’aime maman ». Mon cœur est à l’envers, quoi faire, où chercher et ne pas oublier mes 3 autres enfants. Je cherche. Je fais la tournée des lacs. Je ne veux y croire, mais l’idée du suicide de mon enfant est dans ma tête, ça tourne sans arrêt, aucun repos. Les médias s’en mêlent. Je n’ai plus aucun pouvoir. Je dois continuer à travailler, et à m’occuper de mes 3 autres enfants. Qu’est-ce que je fais? Je suis perdue. Je suis morte d’inquiétude.
Après 10 jours, il donne signe de vie. Je le sais, il ne va pas bien, mais refuse de consulter. À cause de sa violence, il va habiter chez son père.
À l’été de ses 20 ans, il revient habiter chez moi. Quand je lis la lettre qu’il m’a écrite disant qu’il entend des voix, tout s’écroule autour de nous. On se demande ce qui a pu se passer, où avons-nous échoué? Comment se fait-il que je n’aie rien vu? Pourquoi ça arrive à mon garçon?
Maintenant que je le sais, qu’est-ce que je vais faire avec ça? Qui rejoindre? Qui peut m’aider? Comment cela a pu se produire?
Un rendez-vous chez son médecin, première chose à faire, seulement dans 1 mois et ½… Est-ce qu’il va se tenir tranquille?
Avertir le reste de la famille pour ne pas provoquer son agressivité. Nous marchons sur des œufs. Mon plus jeune est hyperactif, j’ai peur. Je suis inquiète. Quoi faire? La tension monte dans la maison.
Il écrit une lettre à sa sœur de 14 ans, lui disant qu’il est en amour avec elle. Beaucoup de propos incohérents. Elle ne veut plus le voir. Quoi faire? Elle va coucher chez des amies. Son médecin ne peut le voir avant une semaine.
Il s’inquiète de ne pas voir sa sœur. Je le sens de plus en plus fébrile. Qu’est-ce qui va se passer?
Ce soir-là, il explose. Il défonce la porte de sa chambre. J’essaie de le calmer. J’ai peur, très peur. Je vois dans ma tête des flashs des médias disant qu’un fils de 20 ans a tué sa mère et son frère de 11 ans. J’entends dans ma tête une intervenante me dire « appelle le 911, tu dois appeler le 911 ». Je dis à mon garçon de 11 ans d’aller se cacher. Je compose le 911. Je ne reconnais pas mon fils, j’ai peur. Ses yeux me font peur. Il me menace de mort si j’appelle la police, je raccroche. Quoi faire, j’ai besoin d’aide, qui peut m’aider? Tout s’écroule, ce n’est pas ce que je veux pour mon enfant. Le téléphone sonne, c’est le 911 qui rappelle, incapable de parler, j’ai peur. Je me cache au sous-sol. Mon garçon sort de la maison dans un état second. La police arrive peu après.
Mais qu’est-ce que je dois faire, je suis en train de dénoncer mon fils, ce n’est pas ce que je veux. Oui, je dois le faire, il a besoin d’aide. Je ne peux lui en apporter, je suis inquiète, je ne sais pas quoi penser. J’ai le cœur à l’envers. Il est maintenant à l’hôpital. Il accepte de se faire soigner. Je suis perdue. Mes enfants sont à la maison, il faut leur expliquer, mais quoi dire, je ne comprends pas la maladie mentale.
Moi aussi, j’ai besoin d’aide. Je me sens seule. Ma tête veut éclater. Au secours. Un matin je me lève, il faut que je trouve de l’aide, mais où chercher, par où commencer, je ne sais pas, je ne sais plus. Après plusieurs téléphones, je réussis à communiquer avec l’Accolade. C’est la ressource dont j’ai besoin. Enfin de l’aide. Je veux m’en sortir. Je suis sur le bord de la dépression. On m’explique ce qu’est la maladie mentale, on me soutient dans mes décisions, m’encourage à persister dans ma ligne de conduite, m’aide à me réorganiser. Il faut en parler.
Maintenant mon garçon vit chez son père. Il a pris sa vie en main. Il est médicamenté. J’ai appris avec l’Accolade à mettre mes limites et à les respecter. Quand on a un enfant en bonne santé qui quitte le foyer familial, c’est difficile de le laisser partir. Mais quand c’est un enfant atteint de maladie mentale, c’est encore plus difficile de couper le cordon ombilical. Il faut lâcher prise, le laisser vivre sa vie avec ses choix et ses conséquences.
L’Accolade était là pour m’aider à surmonter mes épreuves. Je suis allée chercher l’aide dont j’avais besoin. J’ai été bien entourée par mes amies, mes collègues de travail ainsi que par ma famille. Je les en remercie énormément.
Aujourd’hui, j’ai accepté beaucoup de choses. Malgré qu’on a un enfant atteint de maladie mentale, il y a toujours de l’espoir. Il va sûrement y avoir des rechutes, mais je me sens prête à les affronter. Je me sens plus outillée. Je ne suis plus seule.
Je sais que l’Accolade est toujours là pour m’épauler. Grâce à eux, j’ai pu m’en sortir. Parlez-en autour de vous, vous n’êtes pas seuls dans la même situation. On s’aperçoit qu’il y a plusieurs familles qui vivent les mêmes choses que nous. Ne restez pas seuls avec vos appréhensions.
Aujourd’hui, le bonheur cogne à ma porte. Malgré la maladie mentale de mon fils, le soleil est entré dans ma vie.
Merci à l’Accolade, à toute l’équipe pour le soutien qu’elle m’a apporté.
Hélène